Mark Hunyadi, philosophe

Dernier livre paru (P.U.F., mars 2023) : Le Second âge de l’individu. Pour une nouvelle émancipation. Hunyadi y explore de nouvelles voies pour sortir des impasses dans lesquelles nous ont enfermé l’individualisme moderne et son éthique des droits. Il est résolument tourné vers un avenir constructif, et formule une proposition audacieuse pour l’avenir de nos sociétés: déclarer l’esprit patrimoine commun de l’humanité, comme les fonds marins.

[dernière mise à jour du site:  14 mai 2023 ]

Né en 1960 à Genève de parents qui s’étaient réfugiés de Hongrie quatre ans plus tôt, Mark Hunyadi est actuellement professeur de philosophie sociale, morale et politique à l’Université catholique de Louvain (Belgique). Il a fait ses études à Genève, Paris et Francfort, auprès de Jürgen Habermas avec qui il a travaillé pendant deux ans, avant d’obtenir son doctorat à Genève en 1995 (direction : Jean-Marc Ferry). Il fut professeur de Philosophie morale et appliquée à l’Université Laval de Québec de 2004 à 2007. Il a fondé en 2010 le Centre Europé à l’UCL, où il fait également partie de Louvain Bionics, un centre de recherche consacré à l’interface entre robotique et médecine. Il rend compte régulièrement de l’actualité philosophique dans le Supplément littéraire du Temps (Lausanne/ Genève).

Mark Hunyadi est également Professeur associé à l’Institut Mines-Télécom de Paris (Chaire VP-IP: Valeurs et politiques des Informations personnelles), Membre du Comité éthique d’Orange (France) et membre du Comité éthique en commun INRAE-CIRAD-IFREMER-IRD (qui sont 4 instituts de recherche français de recherche publique: Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, Institut de recherche pour le développement).

Au temps de sa formation doctorale, il a été profondément influencé par l’œuvre du philosophe allemand Jürgen Habermas, auprès duquel il a travaillé deux ans à Francfort, et dont il a d’ailleurs traduit deux livres en français (De l’éthique de la discussion, et Textes et contextes, les deux au Cerf). Mais dès ses premières publications dans les années 1990, ses travaux se sont orientés dans la double direction de la philosophie morale fondamentale (voir L’Homme en contexte, Paris, Cerf, 2012) et de la philosophie dite appliquée (Je est un clone, Paris, Seuil, 2004). Toutefois, il ne traite jamais celle-ci que comme la porte d’entrée vers la réflexion éthique fondamentale et la théorie critique de la société. Ainsi, ses travaux en bioéthique (voir par exemple sa contribution au vol. IV du Traité de Bioéthique, sous la direction d’Emmanuel Hirsch, 2018) comme ceux en philosophie de la technique (voir La Tyrannie des modes de vie, 2015, et Le Temps du posthumanisme, 2018) se comprennent comme une théorie critique du libéralisme contemporain, arc-bouté sur la défense des droits et libertés individuels.

Dans son ouvrage La tyrannie des modes de vie (Lormont, Editions du Bord de l’Eau, 2015), Mark Hunyadi met en évidence ce qu’il appelle « le paradoxe moral de notre temps », à savoir que nous autres individus réputés libres subissons en fait la tyrannie de modes de vie qui nous échappent complètement – par exemple le mode de vie technologique. Sa thèse est que l’éthique libérale – ce qu’il appelle la « Petite éthique » –  est mécaniquement responsable de cette emprise du système sur nos vies, puisque l’individualisme qu’elle défend implique, dans son principe même, un retrait éthique du monde. Le libéralisme engendre l’illibéralisme.

Il approfondit cette approche critique dans son livre sur le posthumanisme (Le Temps du posthumanisme. Un diagnostic d’époque, éd. Les Belles Lettres, 2018), où il analyse l’emprise des nouvelles technologies sur le monde contemporain.   

Son précédent livre était consacré à la confiance, et a paru en novembre 2020 sous le titre Au début est la confiance (éd. de Bord de l’eau). Deux grandes parties le composent: l’une consacrée à une définition théorique de la confiance, l’autre, critique, à ce qui érode la confiance dans nos sociétés actuelles, marquées par l’emprise du numérique.